Théo Tobiasse est né en Israël en 1927. Sa famille qui venait de Lituanie espérait y trouver la terre promise. L’œuvre de cet artiste est imprégnée de l’exil, de la femme mère-amante, et de réminiscences de l’enfance en Lituanie lorsque ses parents durent y retourner. La datcha dans la verdoyante campagne de Kaletova, les lumières des bateaux à roue pavoisés sur le Niémen, les traîneaux dans les rues enneigées de Kovno, mais aussi les théières rondes et les samovars ventrus, symboles de la chaleur familiale…
Après avoir traversé l’Allemagne, Berlin, Tobiasse arrive à Paris en 1931 où une gare triste et grise l’accueille au petit matin. S’ensuivent les années obscures de l’Occupation nazie où la famille restée cachée pendant deux ans, est malgré tout décimée. La mort de sa mère en juin 1939 suivie du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Paris sous l’Occupation allemande, le port de l’étoile jaune et son inscription à l’École nationale supérieure des arts décoratifs refusée pour raisons raciales bouleversent sa vie. Il s’inscrit à un cours privé de dessin publicitaire du boulevard Saint-Michel, qu’il abandonne neuf mois plus tard car sa famille, en échappant de justesse à la rafle du Vélodrome d’Hiver en juillet 1942 est contrainte de se cacher dans un appartement à Paris pendant deux ans.
À la Libération de Paris, il démarre rapidement une carrière de graphiste publicitaire chez l’imprimeur d’art Draeger, et réalise également des cartons de tapisserie, des décors de théâtre et les vitrines d’Hermès rue du Faubourg Saint-Honoré. En 1950, il obtient la nationalité française et il s’installe à Nice dans les Alpes-Maritimes, où il poursuit sa carrière de graphiste publicitaire. A la libération, Tobiasse ne rêve plus que de lumière, de soleil et de ciel immense.
Il s’installe à Nice, puis à Saint Paul de Vence où il fait la découverte fascinante du paysage lunaire du plateau de Saint-Barnabé, au col de Vence. Ce sera sa première toile. Le Rijksmuseum d’Amsterdam lui procure une seconde révélation : la Fiancée Juive de Rembrandt lui fait découvrir le mystère de la matière et de la couleur. Il comprend alors tous des glacis, des jus et des clairs-obscurs…
Les souvenirs remontent alors comme des lambeaux de mémoire et se déroulent au bout de ses pinceaux : la Femme « mère amante », l’exil, l’exultation des sens, le dessin, la couleur triturée, la musique, les voyages se mélangent en un magma poétique sur fond de Venise, New York et Jerusalem, ses villes de prédilection. Les mots, les phrases chargées d’émotion viennent toujours ponctuer son oeuvre, non pour l’expliquer mais pour la prolonger.
La peinture, la sculpture, la gravure au carborundum, le pastel, le dessin, la poterie, les vitraux sont ses outils à exprimer les émotions englouties.
Theo Tobiasse a vécu et travaillé à Saint Paul de Vence. Il s’est éteint le 3 novembre 2012. EXPOSITIONS PASSÉES (SÉLECTION): - 2005 : Nahan Galleries , New York
- 2013 : TOBIASSE INTIME/ ULTIME Musée de la Citadelle, Villefranche- sur- mer
- 2015 : « Portraits de Femmes » Espace Bonnard, Le Cannet
- 2017 : « Les lumières de l’espoir », Musée Magnelli , Vallauris
- 2018 : TOBIASSE à VASCOEUIL, Château de Vascoeuil, Vascoeuil
- 2021 : Du trait à la matière, Les Arcades et Pré au Pêcheurs, Antibes
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